Lettre ministre : demande arrêt subventions du bois-énergie

COMMUNIQUE
28 octobre 2024 par
Lettre ministre : demande arrêt subventions du bois-énergie
Sauvegarde Forêts IdF

Dans le contexte de restrictions budgétaires et d’urgence climatique, de nombreuses associations de protection de l’environnement appellent à l’arrêt des subventions au bois-énergie, nuisible pour la santé, l'environnement et le climat. 

Nous demandons une redirection de ces aides vers des alternatives qui préservent les écosystèmes forestiers, réduisent les risques sanitaires, et optimisent le stockage du carbone.



Madame Agnès PANNIER-RUNACHER 

Ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques,



Le bois-énergie, regroupant le chauffage au bois collectif (centrales de chauffe industrielle), des particuliers (bûches ou granulés), et les réseaux de chaleur biomasse est en plein essor en France.


Alors que votre gouvernement fait face à des contraintes budgétaires, une question cruciale s'impose : pourquoi continuer à subventionner des pratiques nuisibles, comme le bois-énergie ?


Si des économies doivent être réalisées, préférons celles qui reposent sur des pratiques qui préservent les écosystèmes, maximisent le stockage du carbone, et n’exposent pas les citoyens à des risques sanitaires.



Le bois-énergie, souvent considéré comme une énergie « renouvelable », voire neutre selon certains, bénéficie de larges subventions et d’aides publiques. L’Agence de la transition écologique (ADEME) distribue chaque année des centaines de millions d’euros pour soutenir son développement.


Il bénéficie également d’une TVA réduite à 10% - contre 20% pour le bois d’œuvre -, du Fonds Chaleur - dont une part est utilisée pour financer les installations de biomasse -, du Fonds Air-Bois, de MaPrimeRénov, de la prime CEE et est exonéré de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE). 

Les choix budgétaires vont à contre-courant de l’urgence climatique et des objectifs de diminution des gaz à effet de serre que la France s’est fixés.



Pourtant, les émissions de dioxyde de carbone (CO2) issues de la combustion du bois sont loin d’être négligeables. Brûler du bois pour produire de l’énergie émet plus de CO2 que le gaz naturel, le charbon ou le fioul par kilowattheure produit. Des décennies, voire un siècle, seront nécessaires pour que les forêts en poussant, réabsorbent le carbone libéré. Un délai incompatible avec l'accélération climatique qui réclame des mesures immédiates. En seulement dix ans, la forêt a perdu la moitié de sa capacité d’absorption du carbone. 


Notre recours massif au bois-énergie fragilise les écosystèmes forestiers et compromet les puits de carbone forestier. La schizophrénie de l’État sur ce point est incompréhensible, déclarant nulle les émissions du bois-énergie dans le bilan français annuel de l’énergie d’une part et déclarant ses émissions réelles très élevées pour les bilans de l’ONU et du GIEC d’autre part.



Outre le CO2, la combustion du bois génère des composés organiques volatils (COV), des particules fines et autres polluants atmosphériques nocifs pour la santé. Pour l’Ile-de-France, le bois-énergie est responsable des deux tiers de ces émissions, soit bien plus que celles du transport, selon AirParif.


La pollution de l’air est responsable de 48 000 décès prématurés chaque année en France - dont 6 000 en Île-de-France - selon l’agence nationale Santé Publique France. Des études ont démontré que ces émissions augmentaient les risques de maladies respiratoires, cardiovasculaires et de cancers. Dans les zones urbaines denses, où la pollution de l’air est déjà un problème majeur, encourager cette énergie compromet la santé de la population. Même si elle ne peut être arrêtée immédiatement, il est vital pour la planète, de diminuer cette pratique ancestrale.




Madame la Ministre, en réorientant les subventions actuelles du bois-énergie, vous avez une opportunité de faire des économies utiles, en supprimant les aides les plus nuisibles. En cessant de subventionner les aides aux installations de chauffage au bois, collectives ou individuelles, et celles en zones urbaines densément peuplées, vous enverrez un message fort aux Français : celui d’un gouvernement engagé dans la transition écologique, en réorientant les soutiens au bois-énergie vers les filières de production de matériaux à longue durée de vie (bois de construction, isolants, panneaux de particules) sans nuire aux écosystèmes, ni à la santé des citoyens.



Nous vous prions d'agréer, Madame la Ministre, l'expression de notre haute considération.



Signataires : Sauvegarde Forêts IDF ; Environnement 92 ; Michel Riottot Président d'honneur de FNE-Ile de France ; Georges Feterman président de ARBRES  ; Les Amis du Bois de Verrières  ; Jacques Laskar président du collectif des Trois Pignons (C3pi) ;  GNSA ; Sauvez la Forêt de Fontainebleau ; Chaville Écologistes ; Sauvons la Tournelle ; Ver Luisant ; Chaville Environnement ; Greenpeace Versailles ; Action Environnement Ouest Parisien (AEOP).




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Jacques Laskar, Collectif des Trois Pignons www.c3pi.fr 

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