Forêt de Meudon, manifestation des usagers et des associations : 28/11/2023

COMMUNIQUE DE PRESSE : Association Chaville Écologistes
1 décembre 2023 par
sauvegardeforêts-idf

Forêts domaniales de Fausses-Reposes et de Meudon : manifestation des usagers et des associations 28 novembre 2023

✍️Contact : Association Chaville Écologistes


La gestion des forêts domaniales urbaines de Fausses-Reposes et de Meudon suscite l’inquiétude et l’incompréhension de nombreux usagers et associations de défense de l’environnement, comme en témoigne la pétition Sauvons la forêt de Meudon qui a recueilli 59.000 signatures et la manifestation organisée le 28 novembre 2023 en forêt de Meudon.




Quelle est la situation ?

La forêt française, stratégique pour atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050, souffre tant qu’elle pourrait finir par émettre du CO2 plutôt qu’en stocker. D’après le CITEPA  et l’Académie des sciences  le rythme d’absorption du CO2, le fameux puits de carbone, a diminué de moitié en une dizaine d’années et la croissance de la forêt est en berne.

La situation est encore plus critique pour les forêts urbaines de taille souvent modeste (quelques centaines d’hectares pour les forêts de Fausses-Reposes et de Meudon, moins que la surface du bois de Boulogne), car elles font l’objet d’une forte fréquentation (4 millions de visites annuelles pour celle de Meudon).


Qu’attendent les riverains et usagers de leurs forêts ?

L’ONF Île-de-France ouest a défini ses priorités, dans l’ordre : « Accueillir les publics », « Préserver une biodiversité » et « Récolter le bois ».

Parfait, mais même si l’accueil du public implique des opérations d’entretien, il faut que les forêts, notamment urbaines, soient pérennes pour continuer à accueillir du public demain et préserver la biodiversité dès aujourd’hui.

Nous souhaitons, et c’est une de nos principales revendications, que l’exploitation commerciale des forêts urbaines, souvent qualifiées de poumons verts, prenne fin.


Reproches et incompréhensions

L’ONF met en place un nouveau mode d’exploitation qui consiste à créer des chemins d’exploitation en abattant les arbres sur des voies parallèles de 4 m de large tous les 24 m (soit 17% de la surface). Ceci avant même de commencer l’exploitation forestière proprement dite.

Outre la logique d’exploitation que nous contestons, cette démarche, appliquée aux forêts urbaines très fréquentées, est choquante pour plusieurs raisons :

  • L’ONF communique sur le fait que la forêt se reconstitue rapidement après le déboisement des chemins. Argument irrecevable car seule la canopée, le plafond végétal, se reforme. Une partie de la forêt a bien été coupée (en raisonnant par l’absurde, avec des chemins de 4 mètres tous les 4 mètres, la canopée se refermerait alors que la moitié de la forêt aurait disparu).
  • Ces chemins permettront la circulation d’engins de plusieurs dizaines de tonnes qui vont tasser les sols et cloisonner une partie de l’écosystème en bandes de forêt de 20 mètres. 


L’ONF fait un réel effort de communication, mais selon nous agit comme un lobby au sens où la communication sert une politique déjà établie qui n’est jamais remise en cause et qui n’a fait l’objet d’aucune concertation réelle.

Nous avons déjà évoqué la « reconstitution de la forêt au-dessus des chemins d’exploitation ». Un autre exemple de maladresse : « La forêt ne peut pas être mise sous cloche sinon les jeunes arbres seraient étouffés ». Comment la forêt a-t-elle survécu avant l’émergence de l’humain alors même que de nombreuses études et expérimentations montrent qu’une forêt en libre évolution est en meilleure santé et plus résiliente qu’une forêt exploitée ?

Et pour finir « On vend du bois parce qu’on a dû en couper, pas l’inverse ». Pur marketing, assez réussi avouons-le.


Tout n’est pas négatif et l’ONF n’est sans doute pas le seul, voire le principal responsable

L’ONF doit s’autofinancer, et le fait principalement en exploitant la forêt et en alimentant la filière bois. Mais est-ce à l’ONF de supporter financièrement l’entretien des forêts urbaines si elles ne sont plus exploitées ?

Et il reste à prouver que l’exploitation des petits massifs urbains est rentable.

Ne faut-il pas officiellement limiter l’entretien des forêts urbaines à celui des seules allées et cheminements et réglementer les visites (respecter les allées et cheminements pour les piétons et les vélos…) ?

Les décideurs (Ministère de l’Agriculture…) doivent intervenir, valider les plans d’aménagement sur la base de données factuelles et propres à chaque massif. Aujourd’hui il semble que ces plans d’aménagement soient produits par l’ONF et validés sans que les pouvoirs publics ne disposent d’informations suffisantes pour les amender. La démarche n’est pas sans rappeler celle de certains lobbies industriels.


Des pistes de solutions

La sylviculture, au sens exploitation de la forêt, existe et alimente un secteur industriel important. Nous ne demandons pas son arrêt, mais une démarche plus construite et transparente, qui ne traite pas tous les massifs forestiers à l’identique et qui soit cohérente avec les enjeux environnementaux et sociétaux du massif concerné.

Une phase de concertation (citoyens, associations, communes) alimentée par des données factuelles (économiques, sanitaires, résultat d’expérimentations…) permettrait une meilleurs acceptation des décisions.

Une règle simple qui permettrait d’établir une bonne base de dialogue pourrait être d’interdire rapidement toute exploitation qui conduit à prélever par massif plus que la capacité de régénérescence de la forêt.

Pourquoi est-il attendu de la forêt qu’elle participe largement à l’objectif de neutralité carbone en 2050, sans que cela ne fasse partie des missions de l’ONF ? Si cela pénalise financièrement l’ONF, quel système de compensation peut-il être mis en place (rappelons que la tonne de carbone est valorisée aujourd’hui à plus de 100 €) ?

Puisque nous évoquons l’aspect économique, et même si cela est a priori complexe, le rôle social de la forêt peut-il lui aussi être valorisé financièrement ?

Pour être protégées, les forêts urbaines doivent disposer d’un statut spécifique. Or modifier la loi est une démarche longue et nous sommes dans l’urgence. Ne faut-il pas faire évoluer le statut de protection existant (dont bénéficie la forêt de Fausses-Reposes) pour qu’à terme il intègre un rôle de protection de la santé de la forêt selon des critères objectifs et validés scientifiquement (aujourd’hui ce statut ne protège guère que le périmètre physique des forêts) ?


Conclusion

Les actions déjà menées, si elles jouent le rôle d’alerte et de sensibilisation du public sur l’avenir de nos forêts, ne résolvent malheureusement rien et n’ont pas eu d’écho significatif auprès des politiques et des décideurs.

Un moratoire sur les chemins d’exploitation dans les forêts urbaines de Fausses-Reposes et de Meudon serait un signe encourageant pour renouer le dialogue et nous donner du temps pour comprendre les contraintes des différentes parties afin de bâtir des compromis acceptés de tous.


Un dialogue de sourds ne résoudra rien, construisons ensemble le futur de nos forêts !


​🐸 Une mise en demeure signée du co-président de FNE Idf et d'Irène Nenner Présidente d'Environnement 92 a été déposée à l'ONF, puisque ces travaux impactent directement une espèce protégée de batracien (le crapaud Bufo bufo) ayant comme site majeur de reproduction, l’Etang d’Ursine et ses environs.

 

Sources : 

1.CITEPA 2022 et IGN 2022. Le CITEPA rapporte les émissions de gaz à effet de serre et des polluants atmosphériques de la France. Il publie des rapports annuels pour le ministère de la transition écologique.

2.Rapport de l’académie des sciences (juin 2023): Les forêts françaises face au changement climatique.



ARTICLE DE PRESSE : Le Parisien Hauts de Seine


Forêt de Meudon : nouvelle mobilisation contre les coupes d’arbres et les chemins d’exploitation de l’ONF

Publication du 28 novembre 2023 - Par Maxime Ducher


Ce mardi, une trentaine de manifestants se sont réunis dans la forêt de Meudon pour protester contre la création de chemins d’exploitation par l’Office National des Forêts. L’ONF estime, elle, qu’il y va de la survie de cette forêt « vieillissante ».


« On a un peu l’impression d’avoir donné un grand coup d’épée dans l’eau. » Quand il évoque la pétition lancée par son association Chaville Écologistes et quelques autres, ayant récolté 59.000 signatures, Patrick Sommacal paraît un brin défaitiste, mais pas résigné. Mardi, le leader du mouvement a retrouvé une trentaine de manifestants à la lisière de la forêt urbaine de Meudon, à Chaville, pour faire entendre leurs voix contre l’apparition de chemins d’exploitation dans les bois. Ces chemins (4 mètres de large tous les 24 mètres) ont pour but d’éviter les coupes rases lorsque l’ONF prélève des arbres...


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