Prunus laurocerasus : une espèce végétale exotique envahissante (EEE)
Originaire du Caucase et importé sans doute pour ses capacités à constituer des haies occultantes et bien vertes toute l’année, ce végétal à la pousse rapide est en train d’envahir de nombreuses forêts, en particulier l’Ile-de-France.
Par exemple, la forêt de Fausses-Reposes, une ancienne forêt de chasse, qui s’étend sur huit communes de l’ouest parisien et qui appartient à deux départements : les Yvelines et les Hauts-de-Seine ; cette forêt domaniale de 630 ha est essentiellement peuplée de châtaigniers et de chênes ; on y trouve aussi hêtres, érables, merisiers, bouleaux, frênes, sorbiers etc. Une grande richesse de feuillus !
Et qui dit biodiversité des arbres, des arbustes, de tous les végétaux, dit aussi biodiversité des champignons, et de la faune : nombreux insectes, oiseaux, chauve-souris etc.
La forêt de Fausses-Reposes est une forêt de protection et une ZNIEFF de type I et II (zone naturelle d’Intérêt écologique faunistique et floristique.
Mais qu’est-ce qu’une EEE ?
Les scientifiques définissent une Espèce Exotique Envahissante comme une espèce dont l’introduction par l’Homme (volontaire ou fortuite), l’implantation et la propagation menacent les écosystèmes, les habitats et les espèces d’origine, avec des conséquences écologiques, économiques et sanitaires négatives. C’est une cause importante de perte de biodiversité.
Selon les experts scientifiques de l’IPBES, les Espèces Exotiques Envahissantes sont l’une des cinq grandes causes mondiales de l’érosion de la biodiversité ; à Fausses-Reposes, elles empêchent les végétaux des forêts tempérées, chênes, châtaigniers, hêtres, érables, de se développer, en bloquant la croissance des petits arbres, en modifiant et stérilisant les sols, en occupant de plus en plus les lieux…
Alors, que faire face à cette menace ? Des solutions existent-elles ?
Après avoir observé que l’hiver la forêt de Fausses-Reposes restait verte alors que les feuilles étaient normalement tombées, les bénévoles de l’association « Environnement Fausses-Reposes » se sont rendus compte que l’envahissement était important (à partir de 2016) et que les lauriers du Caucase se multipliaient très vite. L’atteinte est plus importante en périphérie de forêt, mais l’envahissement a tendance à gagner aussi les parcelles plus centrales.
Ce végétal très vivace et très agressif, utilise deux modes de reproduction :
- Prunus laurocerasus fait des fleurs qui se transforment en fruits ; les
fruits sont consommés par des oiseaux qui disséminent les graines grâce à leurs fientes.
- Prunus laurocerasus se multiplie aussi et surtout par développement des racines traçantes qui drageonnent, par marcottage et par germination des souches.
L’observation est facile à faire, il suffit d’essayer de tirer sur un petit laurier, c’est un véritable écheveau de racines qui apparaît.
À noter que toutes les parties de l’arbuste sont pleines de cyanure sauf la pulpe des baies.
Depuis plusieurs années, avec l’autorisation de l’ONF, de nombreux bénévoles de différentes associations et entreprises ont participé à l’arrachage des sujets les plus jeunes (moins de 30 cm de hauteur), et à la coupe à la scie ainsi qu’à la tronçonneuse des grands individus.
Au printemps, c’est toujours la coupe des fleurs qui est privilégiée. La meilleure saison de lutte contre les lauriers est l’hiver, c’est à ce moment-là qu’on les repère le mieux !
Les chantiers lauriers de l’association EFR ont lieu tous les jeudis et un samedi et un dimanche matin sur deux ; interrogés, les volontaires disent aimer cet effort physique qu’ils font ensemble, pour leur environnement, pour la forêt.
Claire Sylvain, coprésidente de EFR Environnement Fausses-Reposes
️ ✍️ Contact : associationefr@gmail.com
Chantiers de lutte contre une espèce végétale exotique envahissante en forêt